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Kim Vân Kiêu (2016/2017)

Poème lyrique en 4 chants et un épilogue pour 5 voix et piano (et récitant ad lib.)

Sur un texte de Huynh Quôc Tê, librement adapté du Kim Vân Kiêu de Nguyên Du

Commande de Bui-Xuan Quang et de l'association Le Cercle Premier

Création les 7 et 9 décembre 2017 à l'église Saint Merri - Paris

Durée : environ 1 heure 30 (30’ + 30’ + 15’ +15’ + 5’)

A été tiré de l’œuvre des airs séparés sous le titre Airs du Kim Vân Kiêu et une Suite pour piano seul

Nguyên Du (1765-1820) composa le Kim Vân Kiêu au début du XIXème siècle. Ce chef d’œuvre de plus de trois mille vers, reflète l’âme vietnamienne dans toute sa sensibilité, sa pureté et son abnégation. Synthèse parfaite de la culture chinoise classique et des mœurs populaires vietnamiennes, ce texte est considéré comme le fondement de la littérature vietnamienne. Son intrigue provient d’un poème chinois, et sa versification, typiquement vietnamienne (alternance de vers de 6 et de 8 pieds) diffère de la versification classique inspirées par le chinois (vers de 5 et 7 pieds).

Son auteur laissa la réputation d’un homme mélancolique et taciturne. Mandarin malgré lui, il remplissait les devoirs de sa charge aussi bien ou même mieux que les autres, mais il resta, au fond, étranger aux ambitions. Sa vocation l'inclinait à la poésie et au roman ; son plus grand désir fut de se retirer dans la solitude de son village ; son grand bonheur fut de cacher ses talents : « Que ceux qui ont du talent ne se glorifient donc pas de leur talent ! », dit-il. « Le mot “tài” [talent] rime avec le mot “tai” [malheur]. » En fait, si l'auteur hésite entre bouddhisme et confucianisme, c'est vers celui-ci qu'il penche : « La racine du bien est en nous-mêmes. Les personnages de ce roman de mœurs et d'aventures sont désormais si familiers au peuple vietnamien que, dans le langage courant, ils ont donné leur nom aux caractères qu'ils incarnent ici ».

Il n’est pas absurde de penser que son auteur se considérait comme une prostituée, et raconta de façon détournée sa propre histoire, sous couvert d’un poème chinois auquel il aura donné une véritable épaisseur.

La réception de ce texte a varié selon les époques : mis à l’index comme écrit subversif, chef d’œuvre absolu, identité propre de la culture vietnamienne… Le succès ininterrompu de ce poème tient aux thématiques dans la plus pure tradition du Viêt-Nam : le réalisme et la délicatesse des images, les paysages où Nguyên Du unit intensément la nature à l’âme et l’âme à la nature.

Kiêu, héroïne malheureuse, est une belle et pure jeune fille de seize ans, qui jure fidélité à Kim, un garçon de qualité. Mais par fidélité à l'enseignement du confucianisme, Kiêu doit sauver son père en devenant une « fille aux entrailles déchirées », une courtisane. Ce que faisant, elle accomplit son destin selon le bouddhisme. Toutefois, après plus de dix années d'épreuves, l'héroïne retrouvera Kim, son ancien et premier amour...

 

A propos de l’écriture musicale et du livret

La composition de cette œuvre est née d’une commande de Monsieur Bui Xuan Quang. Son but est de faire connaitre aux générations futures, ce chef d’œuvre de la littérature vietnamienne. Je lui suis hautement reconnaissant de m’avoir choisi comme compositeur. Cet honneur qui m’échoit m’oblige, pour parler de façon surannée, comme les personnages de ce poème. Ce travail d’écriture m’aura obligé, pour mon plus grand plaisir et mon insatiable curiosité d’esprit, à me familiariser, hélas trop peu, avec cette riche culture autre. Les échanges avec mon commanditaire et Huynh Quôc Tê, le librettiste, m’y auront aidé. Qu’ils soient ici remerciés. Cette réalisation musicale se révèle, in fine, n’être ni un opéra, ni un oratorio, ni un drame musical. Il nous a paru opportun de définir cette écriture par une autre dénomination peu employée en musique de Poème lyrique, dont les parties et sous-parties sont dénommées, Chants et séquences.

Comme à l’accoutumée dans mon écriture, la forme musicale, est « en spirale » ; les mêmes motifs reviennent sans cesse tout au long de l’œuvre et contribuent à former une sorte de continuum. Certes, se font entendre des parties, des airs, etc. au sens traditionnel des termes, mais le sous-bassement structurel de l’organisation formelle, caractérisé par les variantes des mêmes motifs, créé un surcroît constant de sens en adéquation avec l’ambiguïté et l’ambivalence des sentiments des personnages.

Cette version, uniquement avec « accompagnement » de piano, est bien sûr riche des potentialités d’une orchestration/instrumentation future. Mais ce n’est en rien, une réduction « par avance » d’une œuvre orchestrale.

En ce qui concerne le texte, une actualisation de la langue très « empruntée » du début XIXème siècle, était indispensable. Nous avons malgré tout volontairement gardé un peu de la préciosité de cette si belle langue et certaines particularités des coutumes de l’époque, tel le vouvoiement entre les personnages.

Le texte initial de ce poème est structuré comme une pièce de théâtre ou un opéra typiquement 19ème siècle : 36 personnages, chœurs d’hommes, femmes et enfants… Du sang, des larmes, de l’épique, de la morale, et tutti quanti ! La simplification - tout en respectant la lettre et les moyens et situations - étaient inévitables, dans les limites de cette commande. L’essentiel est, nous semble-t-il, sauvegardé.

 

À propos de l’écriture du livret par Huynh Quôc Tê

Ce livret est né d’un riche échange poursuivi sur plusieurs mois avec Bernard de Vienne. Devant la contrainte de ramasser en une pièce relativement brève les 3 254 vers du poème original de Nguyên Du, forte fut d’abord la tentation d’adopter une structure « ramifiée », faite de retours-arrière et de flash-forward, qui nous aurait offert davantage de liberté pour « condenser » l’intrigue, pour emboîter à notre guise les situations dramatiques et musicales. La raison l’emporta finalement et un récit temporellement linéaire a été retenu, non exempt cependant d’ellipses quand cela ne nuit pas à la compréhension.

Nous voulions satisfaire à quelques points jugés essentiels, en particulier :

- faire intervenir tous les personnages principaux, ne pas oublier ceux devenus des archétypes communs au Viêt-Nam ;

- actualiser les dialogues tout en gardant autant que possible à la langue sa typicité vietnamienne. Il existe en effet une francophonie vietnamienne, que d’illustres auteurs, de culture vietnamienne et française, ont portée à la perfection dans le cours du XXème siècle : une recherche de vocabulaire, des tournures grammaticales, des prosodies particulières (variables du Nord au Sud), un positionnement précis du locuteur et du commentateur qui tient, à mon avis, du fond confucéen qui sommeille en chaque Vietnamien.

 

Distribution de la création

Norma Nahoun : Soprano 1

Nathalie Pannier : Soprano 2

Camille Merckx : Alto

Guillaume François : Ténor

Etienne Chevallier : Baryton Basse

Stanislas de la Tousche : Récitant

Tran Ngoc Nguyen Trinh : piano

 

Personnages et distribution

Soprano légère

  • Thuy Kiêu, fille ainée de la famille Vuong

Soprano lyrique 

  • Tù Bà : mère maquerelle, tenancière de bordel et femme de Ma Giam Sinh

  • Mme Vuong : mère de Quan, Kiêu et Vân

  • Giac Duyên : bonzesse/supérieure de la pagode de l’Appel de la Solitude

  • Thuy Vân : sœur de Kiêu

Contralto 

  • Dam Tiên : chanteuse décédée, célèbre pour sa beauté et son talent

  • Ma Kiêu : une courtisane, amie de Kiêu dans la maison de joie (bordel)

  • Hoan Thu : femme de Thuc

Ténor 

  • Kim Trong : jeune lettré de bonne famille, le 1er amour de Kiêu

  • Thuc Sinh : mari d’Hoan Thu et 2ème « mari » de Kiêu

  • Ma Giam Sinh : mari de Tù Bà et 1er « mari » de Kiêu

  • So Khan : homme frivole, allié de Tù Bà

Baryton-Basse

  • Tù Hai : chef guerrier, 3ème « mari » de Kiêu

  • Mr. Vuong : Bourgeois, père de Kiêu, Vân et Quan 

  • Vuong Quan : frère de Kiêu

  • Un messager

Tous (sauf soprano I)

  • Âmes errantes (à l’instar de Dam Tiên, divinités qui commentent l’action pour le public. Personne ne les entend, sauf Kiêu)

  • Les bonzes et bonzesses en prière

  • La foule

  • Les flots

  • Les habitants de la maison de joie

Récitant (peut-être assuré par le Baryton-Basse)

  • Rôle de Nguyên Du, poète

 

FORME DE L’ŒUVRE

 

CHANT I : La jeune Kiêu

 

CHANT II : Les épreuves charnelles

 

CHANT III : La mort de Kiêu

 

CHANT IV : La transfiguration de Kiêu

 

ÉPILOGUE

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