Cinq poèmes de Paul Celan pour soprano et quatuor à cordes (1990)
In den Flüssen - Mit erdwärst gesungenen Masten - Blume - (Ich kenne dich - Erratisch
Création lors du Festival Présence 1993 de Radio France
par Françoise Kubler et le Quatuor Consonance.
Durée : ca 15' - Éditions Lemoine
"Pour Paul Celan (1920-1970), juif de la Bucovine, grandi dans un environnement roumain, l'allemand fut jusqu'à la guerre à la fois la langue de culture et la langue d'affirmation de l’identité juive contre le roumain. Que cette même langue soit devenue par la suite la langue de la destruction et de la mort situe le paradoxe tragique qu'il eut à vivre en écrivant".
Paradoxe renforcé par l'extrême brièveté de nombre de ses poèmes, sorte de condensé de sens que seules les ressources lexicales et morphologiques de l'allemand peuvent permettre. Cette virtuosité du poète à composer et juxtaposer les mots pour en faire des créations cristallines est à l'origine de l'écriture musicale dont les motifs s'engendrent mutuellement tout au long de l’œuvre. Les constellations ainsi créées disent toujours quelque chose de neuf en même temps que chacun des éléments conserve l'affect qui lui est propre. Il en résulte des imbrications de sens qui rendent la tâche de la compréhension du texte particulièrement ardue et la musique particulièrement riche de petits détails qui s'interpellent tout au long des cinq poèmes enchaînés sans interruptions comme s'ils n'en faisaient qu'un.
Le principe de cinq courtes pièces n'a pas été retenu ici : la musique se situe à la place de celui qui de lecture en lecture laisse le sens apparaître de lui-même. Quelquefois, de cette musique volontairement expressive, émergent "sotto voce" les voix des trois instrumentistes comme l'écho lointain d'une douleur close au plus profond de soi.
Paul Celan :
« le poème peut-être une bouteille jetée à la mer, abandonnée à l’espoir qu'elle pourra un jour être recueillie sur quelque plage, sur la plage du cœur peut-être ».



