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Les ailes du désir (2020)
6ème symphonie de chambre pour flûte principale et ensemble (ou orchestre)

En attente de création

Flûte principale/1(+picc.)/1/1sib/1ut-1/1/1/0-2 perc. [1°Tam tam profond - Tôle assez grande et souple - 5 Toms - 3 cymbales (petite/moyenne/grande) - Gong asc. - Shimes en cuivre (ou mark tree) – Mokubio - 2 crotales (mi/fa) // 2° G.c. - C.cl. - 1 Ressors - 1 cloche tubulaire (do#4) - 1 cloche à vache (do#4)]

hrp, quintette à cordes [4/3/2/2/1 si version orchestre]

Durée : ca 21'. Prochainement aux Éditions Delatour (Soon to Editions Delatour)

 

Le titre est emprunté au film éponyme du cinéaste Wim Wenders qui irrigue poétiquement ma symphonie :

 

"A la naissance, un ange rend visite à tous les enfants et conte à chacun sa vie à venir. En repartant il laisse une marque au-dessus de la bouche, signe de l’amnésie du savoir. Pour naître, il faut oublier. Mais si chaque homme oublie ce secret, l’ange lui se souvient et porte ce fardeau, celui de connaître le secret de la vie."

« Le film est un poème, une métaphore de la vie, comme le conte de l'humanité de son enfance à sa vieillesse, de sa naissance à sa mort. Le monde des hommes y apparaît sous la forme d'un grand recueil polyphonique de pensées, perçues et recueillies par l’œil attentif de deux anges, Damiel et Cassiel. Ces anges écoutent ou plutôt sont les témoins des pensées secrètes, intérieures des hommes qui passent. Mais cette humanité n'est que juxtaposition de solitudes. Le monde résonne comme une cacophonie des monologues. Vision étrange et étrangement réaliste du monde »

« Le film agit comme un curieux memento mori : rien n’est plus précieux que d’être mortel. La douleur de l’humanité révèle une beauté insoupçonnée, parce qu’elle est éphémère ».

*

L'ange de ma naissance m'a laissé en partage la légèreté et le fardeau de la vie à parts égales. Il m'aura fallu plus de soixante ans pour m'en souvenir et accepter cette tautologie... sans pour autant devenir un ange sauf dans le choix depuis l'enfance de l'instrument qui m'a accompagné toute ma vie : la flûte traversière, si proche de l'autre flûte, dite « à bec », l'instrument des anges et des enfants.

 

Cette double polarité, de légèreté et de fardeau, sous-tend l'écriture de cette 6ème symphonie de chambre où la flûte soliste est elle-même dédoublée par une autre flûte au sein de l'orchestre. De plus, cette polarité est amplifié par le choix de percussions profondes (grosse caisse, toms) et/ou métalliques (tam tam profond, cloche, cymbale, chimes, ressors) afin de contrebalancer la volubilité, la brillance et la douceur de la flûte.

 

Œuvre en forme d'autobiographie, les multiples motifs qui la constituent reflètent pour certains mes centres d'intérêt, et pour d'autres mes sentiments propres : mon amour de la nature (apaisante ou terrible), mes élans passionnés, mes désespoirs, mes désirs et mes joies, ma sensibilité « à fleur de peau », une certaine ingénuité et un émerveillement devant l'insignifiant, l'étrange et l'insolite des manifestations de la vie (qui se traduit par une orchestration très raffinée). Rien de vraiment singulier ici car la sensibilité est ce qui fait notre vie partagée, mais pour chacun de nous, à des degrés divers.

 

Les dualités incarné/désincarné, léger/lourd, pesanteur/apesanteur, envol/retombé, véhémence/abattement, saturé/évidé... se traduisent musicalement par une dichotomie entre sons bruts/sons raffinés, sons de la nature (bruits, les chants d'oiseaux et cris animaux)/sons

d'origine humaine (signaux répétitifs).

 

Instrumentalement, l'écriture du soliste oppose l'extrême virtuosité à de larges moments comme un arrêt du cours du temps. Que serait la flûte sans détachés ultra rapides et sans la beauté lyrique des sons tenus ? Toutefois, une tierce voie plus intime et personnelle se fait entendre : celle des sons joués et chantés en même temps ainsi que les fragiles et sensibles sonorités produites par les doigtés factices, véritables « altérations du timbre», comme la marque du temps ou de l'usage, sur tous objets ou organismes vivants.

 

La construction formelle est une vaste polyphonie de motifs/figures musicaux, de modes de jeux instrumentaux, de groupes d'accords différents, de timbres... ayant chacun leur caractère et caractéristique propres. Ceux-ci concourent à l'élaboration d'une forme par plans sonores extrêmement mobiles se déployant dans un espace en 4 dimensions, véritable « architecture de sons en mouvement » dont tous les éléments constitutifs sont en rapport de tension/densité par delà le déroulement du temps.

 

J'aime la métaphore d'une œuvre comme organisme vivant ayant sa propre autonomie (mutation de motifs, contamination de ceux-ci entre eux, etc...) et ses propres « déterminismes biologiques » qui excèdent le travail de composition proprement dit. Si l'auditeur accepte d'intégrer cet organisme, celui-ci a la faculté de le changer.

 

La forme de l’œuvre est une sorte d'effondrement progressif en 4 parties enchaînées :

 

A - Très Vif : exposition de la quasi totalité des motifs : opposition nature/culture

 

B - (p. 69) Assez Lent : après un « 1er effondrement météorique » retour des sons naturels et nouveaux motifs (variantes éloignées des précédents)

 

C - (p. 95) Vif : cadence de la flûte solo : chants d'oiseaux étouffés par des bruits d'origine humaine (signaux)

 

D - (p. 110) Lent : après un « 2ème effondrement météorique », retour de l'ensemble des motifs mais plus disséminés dans le temps.

 

E - (p. 127) : courte conclusion, dernier « sursaut de vie ».

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