D'un seuil à l'autre (1999)
Pour chœur mixte a cappella à 8 voix (3 ou 4 voix par pupitres) ca. 12'30
ou pour 8 voix seules (SS/AA/TT/BB)
Poème de Claude-Henry du Bord, extrait de « le verbe vivre »
Éditions Cahiers Bleus/Librairie Bleue (ZurfluH●Éditions)
Création Radio France, Alla Breve, 11.1999 - Chœur de Radio-France, direction, Michel Tranchant
Éditions François Dhalmann
Cette œuvre est née de ma profonde amitié avec le poète et traducteur Claude-Henry du Bord dont l'horizon culturel est proche du mien.
Celui-ci aime à dire de son travail poétique :
"Le vers se suffit à lui-même de sorte que l’ensemble des vers finit par former un poème".
Ceci explique le soin avec lequel chaque vers est construit ainsi que la précision avec laquelle chaque mot est choisi.
La musique prolonge ce réseau de correspondance entre les vers soulignant les sens cachés au fond des mots.
Ce poème est construit en cinq parties ayant chacune des caractéristiques bien différenciées.
L'ensemble du poème va « de l'angoisse à la confiance, de l'obscur à la clarté, de la tristesse à la joie apaisée »
La forme musicale, elle aussi en cinq parties, amplifie la forme du poème en se repliant sans cesse sur elle-même, tel le flux et le reflux des vagues ; ainsi :
-
la 1ère partie musicale correspond à la 1ère partie du poème
-
la 2ème partie musicale à la 2ème partie du poème suivi du retour de la 1ère partie.
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la 3ème partie musicale à la 3ème partie du poème
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la 4ème partie musicale à la 4ème partie du poème suivi du retour de la 3ème partie
-
la 5ème partie musicale à la 5ème partie du poème.
L'alternance des caractères est alors le suivant :
I : obscur – II : clair/obscur
III : clair - IV : obscur/clair
V : clair
Une dimension supplémentaire est inscrite dans l’œuvre par l'emploi des registres extrêmes. Leur tension propre ouvre l'écriture sur un emploi "instrumental" de la voix où la couleur sonore est plus importante que le sens des mots.
Comme l'écriture poétique, les cinq parties sont enchaînées quasiment sans interruption.
D’un seuil à l’autre
I Peut-être hélas seulement
d’un seuil à l’autre
sachant que franchir
le pas au-delà
(presque le dernier pas)
est encore pénétrer l’orée
- sandales délassées
II La vie ne parle pas
à notre place
Ce qui est à venir
longuement nous invite
Car ce dont l’oublié parle
fascine
son murmure contient toutes les échéances
III Ce qu’on dit des choses
n’est pas plus vrai que nature
coulée dans la parole
la joie n’écarte rien
elle instaure
IV Refuser toute réclusion
si peu habile
à transformer nos habitudes
en neige
à purifier nos vestiges
Dans la lumière aucun nom ne pèse
Et tout à l’alentour
à notre insu nous clarifie
Claude-Henry du Bord