Cinétique pour violoncelle et piano (2008/2010)
Article de Bernard de Vienne : George Folmer au regard de la musique
En 2 mouvements : Espace - Mesure
Durée totale : env. 14'30 (8’30 et 6')
Le peintre George Folmer travaille à la synthèse des arts au sein du groupe Espace puis avec le groupe Mesure qu'il fonde en 1960.
De l'art cinétique - expression adoptée vers 1954 pour désigner le courant artistique fondé sur l'esthétique du mouvement - j'aime ces sculptures où l'on a recours à des éléments mobiles formés de fils et de pièces métalliques qui sont mises en mouvement par le déplacement de l'air ambiant, par le vent, les spectateurs et/ou un mécanisme motorisé. Les années 1910 ont vu naître les premières manifestations d'art cinétique dans le mouvement futuriste et certaines œuvres de Marcel Duchamp, puis plus tard avec Alexandre Calder. Ces mêmes années ont vu naître le constructivisme, cet important courant de l'abstraction qui se développe sur la base du cubisme et du futurisme utilisant exclusivement des éléments géométriques comme le cercle, le rectangle ou la ligne droite. Ce courant ne se limite pas aux arts plastiques ; il implique également l'adhésion à l'évolution de la technique moderne et englobe tous les domaines de l'existence : architecture, mode, design. De 1951 à 1970, l'esthétique constructiviste a vu l'émergence de 2 groupes artistiques : les groupes espace et mesure, qui prolongent les recherches de leurs aînés du début du siècle.
Le 1er mouvement Espace est une référence explicite à l'art cinétique et aux mobiles de Calder. Ceux-ci m’ont toujours fascinés de part leur dimension, leur poésie et la capacité de Calder à anticiper les différentes positions et ombres projetées de ses sculptures mouvantes qui, perçues sous quels qu’angles que ce soit, se révèlent toujours intéressantes. A l’instar d’un mobile, Espace est donc basé sur le mouvement continuel, le changement incessant de registre, d’espace, de timbres, de proportions, de densité... chaque retour de motifs dans des contextes musicaux différents est alors perçu, non comme une répétition du même, mais comme une transformation continue d'un même matériau de base.
Le 2ème mouvement Mesure est l'antithèse d'Espace. C'est une référence explicite à l'art constructiviste. L'écriture - dont l'intensité dense et soutenue est un motif à part entière - se caractérise par des lignes de forces franches, implacables, dures, tranchantes, sans concession à aucun lyrisme. La conception architecturale et géométrique de l'espace sonore est pensée par blocs, aplats, contrastes violents. On peut y voir, entre autres, une référence au travail de Lucien Hervé, le photographe attitré de l'architecte Le Corbusier.
En regroupant dans une même œuvre l'esprit de ces 2 pôles fondateurs de l'art du 20ème siècle, j'ai voulu par antithèse montrer que la fragilité poétique et l'abstraction géométrique sont reliés par delà leur différences. Ce sont les 2 aspects contradictoires de notre sensibilité et de notre rapport au monde.