A propós pour quintette à vent (2006)
Lettre de W. A. Mozart à sa cousine Maria Thekla Mozart à Augsbourg (Mannheim, le 13 novembre 1777)
Commande de l’ensemble le concert impromptu
Création le 15 décembre 2006 au Bourget du Lac « Espace la traverse » dans le cadre du spectacle Mozart (,) de Vienne ?
Durée : env. 4’30. Éditions François Dhalmann
Cette courte œuvre est la mise en musique d’une des lettres que Mozart écrivit à sa cousine Maria Thekla Mozart (celle du 13 novembre 1777).
Ces célèbres lettres sont singulières à bien des égards : outre le langage scatologique qui aujourd’hui encore nous interroge sur la nature exacte de la relation que Mozart entretenait avec sa cousine, celles-ci sont le reflet même du style musical de leur auteur et mériteraient d’être étudiées quant à leur forme par tous les apprentis musiciens désirant se familiariser avec le style de Mozart. A savoir, une verve inépuisable, un mélange de langues, une facilité d’écriture, une capacité à passer du coq-à-l’âne, entre autre grâce à l’expression à propos (en français dans le texte et orthographiée Appropós ou Á propós ou Apropós). De plus, ces lettres couvrent toute la gamme des sentiments : la tendresse, la flatterie, la ruse, la rouerie, la grossièreté, les injures… Mais aussi, quelques informations sérieuses (on prend des nouvelles, on en donne) et beaucoup de calculs pour obtenir certaines choses (par exemple un portrait de la cousine en toilette française - plus sexy? - ou alors se servir d’elle comme intermédiaire…)
Cet A propós - sorte de petite pièce de théâtre musical (quel autre clin d’oeil faire à Mozart qui aimait tant l’Opéra) sollicite les instrumentistes sous tous les registres : déclamé, vocal, instrumental, physique…
Ce n’est pas un hommage, mais plutôt une mise en relief de ce qu’il y a de commun par delà les siècles dans notre écriture musicale et notre manière de faire et d’être, d’aimer la vie et les rapports humains…
Et puis aussi, en filigrane, le rythme caractéristique d’une ouverture à la française et un écho lointain du célèbre quintetto Di scrivermi ogni giorno extrait de Cosi Fan Tutte : adieux célèbres et parfaitement hypocrites à l’image du peu de considération qu’avait à mon sens Mozart pour sa cousine qu’il abandonne lorsqu’il obtint d’elle de rentrer dans les bonnes grâces de sa future belle famille qu’elle connaissait personnellement.
L’humour de Mozart - très sérieux en fait - est qu’il n’est jamais là où on l’attend et cela suffit à fonder un style : le sien !