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3ème quatuor à cordes "mon choix le plus doux" (2015)
3ème quatuor à cordes - Quatuor Stanislas
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Un hommage à Henri Dutilleux

Commande du Centre Culturel André Malraux de Vandoeuvre (Scène Nationale) et du Quatuor Stanislas

dans le cadre du centenaire de la naissance d’Henri Dutilleux

Création le 26 novembre 2016 au CCAM de Vandoeuvre

Durée : env. 20’

Éditions Delatour France

 

A l’allure « so french », mon choix le plus doux est le premier vers de "O solitude, my sweetest choice !" d'Henri Purcell sur le poème éponyme d’Antoine Girard de Saint-Amant.

 

Pour cette raison, une dimension poétique liée à la mélancolie est sous-jacente tout au long de ce 3ème quatuor et fait allusion au silence que Dutilleux s’imposa. Cette attitude m’a toujours interpellé, ce sous-titre en est donc l’écho. Autant le repli sur soi-même est souvent une condition, ou à tout le moins un moment nécessaire pour créer, autant cette solitude devient terrible lorsqu’elle conduit au silence. Ce silence trouve une résonance particulière en moi tant je suis persuadé que l’Œuvre d’une vie, bien qu’étant le creuset de multiples influences et évolutions, ne peut se construire que dans la solitude, c’est-à-dire un dialogue de soi à soi, où les associations les plus intimes peuvent se réaliser pleinement.

 

A 17 ans, ma découverte des Métaboles d’Henri Dutilleux m’a ouvert sur l’écriture contemporaine et son ancrage dans les problématiques actuelles (ici la biologie). Ce choc fût déterminant dans mon engagement pour un art où recherche et invention s’opposeraient pour toujours au conventionnel. De l’œuvre de Dutilleux, il me sera resté la cohérence formelle, l’élégance, la pureté de son style - français s’il en fût - tant l’art semble aujourd’hui s’être internationalisé.

 

En un seul et ample mouvement, mon 3ème quatuor à cordes est construit à l’aide de multiples motifs de caractères très différenciés. Deux d’entre eux sont des références empruntées :

 - Une citation de la 1ère phrase musicale de Purcell (rythmes et hauteurs mais aussi traduction en morses des lettres O S o l i t u d e)

 - Un très court fragment emprunté à Miroir d'espace , la 2ème partie du quatuor Ainsi la nuit d’Henri Dutilleux

 

Bien que le genre n’existe pas en tant que tel en musique, j’aurai pu appeler mon quatuor Un autoportrait musical car une particularité de mon écriture est de donner à entendre l’objet même dont il est question. Et ce dont il est question, à la suite de CPhE Bach, Mozart, Mahler, Schoenberg et certains poèmes symphoniques, c’est qu’écrire sans schémas préétablis, est créer - éventuellement par association d’idées (durchkomponiert) - une forme que l’on peut aujourd’hui qualifier de post psychanalytique (i.e. post Schoenbergienne). Dutilleux, comme Varèse, ont ouvert cette piste où, dans certaines de leurs œuvres, la musique n’est plus le miroir de l’inconscient du créateur (ou la projection de son monde intérieur). Dans mon écriture, forme musicale et mouvements internes du corps (je ne fais aucune différence entre l’esprit et le corps) sont un seul et même phénomène sous-tendu par l’énergie vitale qui fait surgir, construire et déconstruire le Vivant. Œuvre bâtie de fragments hétérogènes en continuels mouvement, brassages, etc., j’aime parler de mon écriture comme une forme en spirale où, entre autres, contaminations, mutations, flux, échanges sont de facto des caractéristiques du Vivant. Raison pour laquelle je considère mes œuvres comme des organismes vivants, en partie indépendants de moi-même, et ayant la faculté d’invertir d’autres organismes.

 

Écouter, c’est être immergé dans un flux sonore fait de dynamiques, tensions, suspension…

Écouter, c’est percevoir la poétique sensible d’une « plastique en mouvement », d’une architecture cinétique sans cesse remodelée, tantôt douce et poétique, tendre et sensible, tantôt brutale, cassante et exaltée.

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